Le traumatisme: quand le passé s’invite dans le présent

L'auteur spécialiste mondial du traumatisme montre que le traumatisme modifie le fonctionnement cérébral. La régulation des émotions et le fonctionnement du corps sont donc impactés. Il met en avant que le traumatisme c'est dans le corps, pas dans la tête.

« Le traumatisme n’est pas juste un événement qui s’est produit dans le passé. C’est aussi l’empreinte que cette expérience a laissé sur l’esprit, le cerveau et le corps. Une trace qui influence grandement la manière dont notre organisme s’y prend pour survivre dans le présent. »

Bessel van der Kolk, Le corps n’oublie rien

Le traumatisme: parler ne suffira pas

Le traumatisme vient bouleverser le domaine de la psychothérapie. Parler de ce qui nous arrive, de nos difficultés, de notre ressenti, est généralement ce que l’on s’attend à faire dans le cabinet d’un psychologue. Or, dans le domaine du psychotraumatisme, on sait maintenant que ce n’est pas la bonne approche. Parler de ce qui nous perturbe au plus profond de nous, est certes nécessaire mais ne suffira pas.

En effet, les progrès en neurosciences permettent de mieux comprendre comment le traumatisme perturbe le développement du cerveau, les capacités de régulation émotionnelle, les capacités d’attention et de concentration et aussi la gestion des relations avec les autres.

Le traumatisme laisse des traces tangibles dans le fonctionnement du cerveau et a un impact jusqu’au fonctionnement de nos organes. La respiration est alors superficielle (dans le sens peu profonde), la digestion peut être ralentie, les tendons stockent des tensions, les fascias sont aussi impactés et se rigidifient etc. C’est pourquoi nous pouvons développer des douleurs, des symptômes que la médecine ne parvient pas à objectiver et à expliquer.

Les symptômes du traumatisme

  • Anxiété, peur, hypervigilance, être sur le qui-vive en permanence
  • Dépression, absence de volonté, manque de motivation
  • Hypersensibilité, irritabilité
  • Sentiment d’être différent, que personne ne peut comprendre
  • Troubles du sommeil, cauchemars, réveils nocturnes, trouble de l’endormissement
  • Flash-back etc.

Exemples de l’impact d’un trauma:

  • Perturbation du traitement des informations par le cerveau
    • Anticiper toujours le pire, ruminer toujours sur les mêmes choses, ne faire confiance à personne
  • Difficultés à reconnaitre, exprimer et gérer ses émotions
  • Sensations et/ou manifestations corporelles que l’on ne comprend pas
    • Douleurs, troubles, maladies que la médecine n’explique pas
    • Errance médicale: absence de diagnostic ou à l’inverse multi-diagnostic
  • Dépression et/ou anxiété chronique, avec inefficacité (ou peu d’efficacité) des traitements antidépresseur et anxiolytique

Plusieurs types de traumatismes: de quoi parle-t-on?

Le domaine du psychotraumatisme est complexe, on distingue plusieurs types de traumatismes:

Le traumatisme « simple », l’ESPT

Le terme « simple » est à comprendre dans le sens d’événement unique, ponctuel, à un instant t de la vie. Par exemple: un accident, une agression, l’annonce d’un diagnostic médical, une prise d’otage, un décès, l’annonce d’un licenciement etc.

Le traumatisme complexe

Le terme complexe vient signifier la répétition dans le temps de situations perturbantes ayant eu lieu généralement dans l’enfance. La fréquence et la répétition vont impacter l’enfant et son développement. Par exemple: être rabaissé régulièrement, être puni systématiquement sans pouvoir s’expliquer, ne pas être considéré…. Mais aussi, être témoin de violence entre ses parents, avoir un parent qui souffre de dépression, avoir un parent avec un problème d’addiction…. etc.

Le traumatisme développemental

Ce type de trauma se développe chez les personnes, ayant durant leur enfance subies de la maltraitance, de l’abus, des négligences, de l’abandon. Comme par exemple:

  • des paroles blessantes, humiliantes, dévalorisantes
  • des moqueries
  • des menaces du style:Arrête de pleurer ou je te laisse tout seul! »
  • de la culpabilisation
  • des cris
  • de la violence subie, ou dont on a été témoin

Ici, les besoins de sécurité physique et émotionnelle de l’enfant ne sont pas assurés et cela entraine des blessures traumatiques.

Le trauma d’attachement

Ce type de trauma résulte principalement de négligence. On sait maintenant que la négligence a des répercussions tout aussi importantes, si ce n’est plus, sur le développement d’un enfant que la maltraitance.

Ici, ce sont les besoins émotionnels de l’enfant qui ne sont pas satisfaits et cela entraine ce que l’on appelle des blessures d’attachement. Ces blessures résultent de l’absence de lien affectueux et harmonieux durant l’enfance. En conséquence, des choses importantes pour le développement de l’enfant ne se produisent pas.

L’attention, l’écoute, le réconfort, les encouragements, le soutien, avoir du plaisir à être ensemble, faire plaisir sont importants à vivre, à ressentir quand on est enfant. Cela participe a un développement harmonieux de l’enfant et donc de l’adulte que l’on deviendra.